
Projection rencontre
Dès ce soir, Seydou et Moussa fuiront leur Sénégal natal pour rejoindre l’Europe. S’ils ont déjà entendu les récits de ceux qui ont tenté ce périple, les deux garçons n’ont pourtant pas idée des épreuves qu’ils devront affronter…
C’est une odyssée bien loin des mythes et des légendes, mais tout près de notre réalité que nous livre Matteo Garrone. Inspiré d’une histoire vraie, le cinéaste italien rend compte du périple migratoire par la subjectivité, celle du jeune Seydou, promu malgré lui capitaine d’un navire de 250 personnes en quête d’une (sur)vie décente. Si la tragédie du sujet ne cesse de nous terrasser, le film parvient aussi et malgré tout à s’élever, grâce à une profonde humanité.
PROJECTION SUIVIE D'UNE RENCONTRE AVEC L'ASSOCIATION SOS-MÉDITERRANÉE
LE MOT DU RÉALISATEUR
« Ce film part d’une observation, d’une écoute de ceux qui ont fait réellement ce voyage. Il est né d’une confiance réciproque, d’un échange entre les cultures, d’un dialogue qui permet de créer quelque chose ensemble. Pour cela, il y a eu un énorme travail de documentation, mais la tâche ensuite de celui qui fait du cinéma est de transfigurer cette réalité, de l’interpréter. Pour cela, j’ai voulu que tous les figurants soient des personnes qui avaient véritablement effectué ce voyage.
Certaines avaient elles aussi été accusées comme Fofana Amara [qui a inspiré le personnage de Seydou, ndlr] de traite d’être humains pour avoir été forcées à conduire le bateau des côtes libyennes jusqu’à l’Europe. Quand j’ai tourné la scène lors de laquelle les gens essayent de sauver ceux qui sont tombés à l’eau, j’ai dit « action » et quelque chose de très réel, de très profond s’est produit. Je ne m’étais pas préparé à ça. Ils étaient dans un état de transe puisqu’ils revivaient quelque chose qu’ils avaient déjà vécu. Je n’étais plus un metteur en scène mais un réalisateur spectateur. […] Quand on décide de se lancer dans un sujet aussi dangereux à traiter, il est
important de l’affronter avec une approche qui soit la plus proche de la vérité. Par respect pour ceux qui ont fait le voyage, par respect pour ceux qui le feront plus tard, et par respect pour ceux qui en sont morts. » - Matteo Garrone