
Ciné-club
Ce film commence là où s’achevait La Rue de la honte, de Kenji Mizoguchi : les maisons de passe sont officiellement fermées ; les pensionnaires doivent se « réhabiliter ».
Audace, encore une fois, de Kinuyo Tanaka. Si les personnages de prostituées sont nombreux dans le cinéma japonais de l’époque, rares sont les oeuvres qui proposent un portrait aussi réaliste de la condition de ces femmes. La maison de réhabilitation est filmée comme un pénitencier, et le vent de la révolte souffle au milieu des femmes qui revendiquent le droit de prendre en main leur destin.
SÉANCE PRÉSENTÉE ET ACCOMPAGNÉE PAR CLAUDINE LE PALLEC MARAND, PROFESSEURE DE CINÉMA
UN MOT SUR LE FILM
« Dans ses films, Tanaka prend moins directement parti pour la cause féminine qu’elle ne se place au centre des rapports entre les hommes et les femmes, mesurant dans leurs errements et leurs claustrations propres les effets historiques, économiques, psychologiques ou moraux qui les séparent en les écartelant. […] Dans La Nuit des femmes (1961), une ancienne prostituée est incapable de garder on travail, stigmatisée par son ancienne condition, qui compromet ses rapports avec les hommes et, par répercussion, les autres femmes. Tandis que les hommes sont victimes d’une situation qui les brime, leur morale, pauvre éthique, n’est qu’un oripeau de pouvoir « pour la forme » qui redouble leur enfermement. Les femmes, réduites au terre à terre, n’ont même pas ce privilège de la croyance abstraite : c’est leur existence même qu’elles ont à défendre. » - Pierre Eugène, Les Cahiers du cinéma