
Ciné-club
Léonie passe 12h par jour sur son téléphone. Elle n’a que 14 ans, mais un métier déjà très prenant : influenceuse sur les réseaux sociaux, elle produit du contenu en ligne pour une communauté qui l’adule. Susanne Regina Meures suit la jeune femme dans son quotidien, et interroge : est-ce donc cela, le conte de fée contemporain ?
Sélectionné dans la catégorie meilleur documentaire du Prix du cinéma suisse, Girl Gang donne à voir la part souvent cachée du métier d’influenceur, particulièrement lorsqu’on est une femme. On découvre ainsi des parents qui tentent de contrôler les gains de leur fille, le cyberharcèlement, et surtout une pression, toujours plus écrasante, sur une enfant en plein développement.
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LE MOT DE LA RÉALISATRICE
« A l’origine, j’avais prévu de tourner un film sur un groupe de filles, Leonie et ses amies. Alors que je commençai le tournage, il m’apparut clairement qu’il ne s’agissait pas d’un film sur Leonie et ses amis, mais d’un film sur elle et sa famille. C’était le noyau de l’histoire. Alors que je m’immergeais dans la sphère des réseaux sociaux de Leonie, je compris que le Girl gang moderne n’est plus le groupe de filles dans le parc. Ce sont les millions de filles qui se réunissent en ligne. Bien qu’ayant changé ma ligne directrice, le titre du film, déjà présent au début, est devenu encore plus pertinent.
Elles sont aujourd’hui incroyablement occupées. Leur vie quotidienne est dictée par les tâches de travail et la pression de produire du contenu. La vie de famille s’est transformée en entreprise, surtout que les parents de Leonie ont pris en main son management. Je pouvais voir combien la légèreté et le rire disparaissaient, tandis que Leonie atteignait la puberté, une période qui n’est facile dans aucun contexte sur cette planète. Ses parents se trouvaient dans une situation encore plus délicate : en tant que parents, ils devaient protéger Leonie et en même temps la pousser à mener à bien son travail. Un devoir bien lourd. Mais je n’ai jamais ressenti qu’elle remettait en question honnêtement son choix de vie. C’est devenu sa réalité. »
Susanne Regina Meures