PROJECTION RENCONTRE : La Colline de Denis Gheerbrant et Lina Tsrimova

Événement

Projection rencontre

Lundi 17 avril à 20h15
Un documentaire saisissant sur des marginaux, en présence des cinéastes

Cette colline n’est pas un paysage verdoyant. Construction humaine, elle est formée de tous les détritus produits par notre société, des sacs en plastique aux emballages de gâteaux. Au milieu de cet impressionnant décor, terrain de chasse des oiseaux affamés et des chiens errants, vivent des hommes et des femmes, eux et elles aussi rejetés loin de la société.

Les deux cinéastes font le portrait de personnes qui habitent dans cette déchetterie du Kirghizistan. Trouvant la bonne distance avec leurs interlocuteurs, ils leur donnent la réponse et une chance de se raconter: soldat déchu, homme alcoolique, âmes perdues se retrouvent, et parfois s’aiment dans ce monde à part entière qu’est la Colline, au point que l’on se croirait parfois chez Dostoïevski, tant sont questionnés les thèmes de la chute et de la rédemption.

PROJECTION SUIVIE D'UNE RENCONTRE AVEC LES CINÉASTES LINA TSRIMOVA ET DENIS GHEERBRANT

LE MOT DES CINÉASTES

" L’expérience du tournage et du montage de notre précédent film fut l’objet d’un étonnement réciproque : de deux endroits différents, surtout de deux histoires tout aussi différentes, nous nous retrouvions dans un regard partagé. Pas un même regard, mais deux regards qui se parlaient. Nous avions envie de prolonger cette expérience.

Dans notre précédent film, nous avons parlé des chevaux, des montagnes, de la forêt mais c’est la steppe de l’écrivain Andrei Platonov que nous voulions filmer la prochaine fois. Ou plus précisément des gens dont le dernier refuge serait un « non- lieu », des gens dépossédés : de travail, de statut social, de leur tribu et même de la mode de vie nomade.

Dans ce pays de nomades qu’était au début du vingtième siècle le Kirghizistan, aller chercher une mémoire des peuples du Caucase déportés et dispersés dans ces immenses espaces par Staline et, dans le même temps une forme de steppe, faisait sens. [...] 

La colline n’est ni un village, ni une steppe, elle n’existe pas sur les cartes. C’est un lieu de production et un espace de vie. Y travaillent et vivent des gens qui ont des histoires complètement différentes mais toutes ont en commun une rupture qui les a amenés là. Kirghizes des campagnes dépossédés des terres à la suite du démantèlement des kolkhozes, des Tchétchènes et des Allemands descendants des déportés, qui n’ont pas pu partir, des Russes, des Ukrainiens, des Ouïghours, tous se sont retrouvés là à la suite de la terrible crise économique qui a suivi la fin de l’Union soviétique.

Nous voulions aller là : faire apparaître des personnes avec leur histoire. Misère, travail dégradant et rien devant soi : où va se loger la vie ? C’est une évidence de ce que Lina appelle l’éthique, que de faire voir ceux qu’on ne veut pas voir. "- Denis Gheerbrant et Lina Tsrimova

Retour en haut de page