PROJECTION RENCONTRE : L'Établi de Mathias Gokalp

Événement
Mardi 11 avril à 20h15
Venez découvrir un film fort sur le monde ouvrier et l'évolution du militantisme, de mai 68 à nos jours

Robert est un intellectuel et mène une vie confortable dans un appartement bourgeois, entre sa femme et sa petite fille. Pourtant, en cette année 1968, il décide de rejoindre une usine afin de comprendre les conditions de vie des ouvriers et de préparer ensemble le monde révolutionnaire qu’il appelle de ses vœux.

Cette adaptation du bouleversant récit de Robert Linhart évite les écueils de la reconstitution historique pour nous faire ressentir le quotidien de cette usine, à travers les yeux d’un homme nourri d’idéaux. L’Établi - nom donné aux militants d’extrême gauche qui, dans les années 60, se sont fait embaucher dans des usines pour comprendre le milieu ouvrier de l’intérieur et raviver la feu révolutionnaire - parvient à faire exister une multitude de personnages avec leur voix, leurs raisons, leur histoire, et à faire résonner cette richesse humaine.

PROJECTION SUIVIE D'UNE RENCONTRE AVEC LE RÉALISATEUR MATHIAS GOKALP

LE MOT DU RÉALISATEUR

« J’ai choisi ce texte parce que je partage son point de vue sur le travail, et sur l’aliénation par le travail. Hannah Arendt a écrit qu’il faut distinguer le travail de l’œuvre. Selon elle, le travail, c’est ce qu’on fait pour assurer sa subsistance, l’œuvre, c’est ce qu’on fait pour donner du sens à sa vie. L’usine vous prend votre temps, même si c’est pour vous permettre de manger. J’ajouterais qu’il y a aujourd’hui dans notre pays une nostalgie des trente glorieuses, une nostalgie de la France comme puissance industrielle. J’ai voulu essayer de mettre quelque chose de concret derrière cette nostalgie en disant, attention : le plein emploi, le travail ouvrier, l’industrie française, c’était ça ! Il y a aussi aujourd’hui une nostalgie de la classe ouvrière en tant que force politique progressiste. C’était important pour moi de décrire aujourd’hui ce qu’était la classe ouvrière : c’était des gens qui souffraient énormément, qui ont perdu leur vie au travail, et ce n’était pas une classe homogène. La nostalgie que nous devrions avoir, c’est celle d’une force politique, d’une solidarité entre des gens que peu de choses rapprochaient. Aujourd’hui, les individus s’arrêtent à leurs différences, souvent identitaires, et ça les empêche de constituer une force politique. Enfin, j’ai voulu rappeler que mai 68 a été le moment où les classes sociales se sont le plus mélangées en France. Il y a eu un dialogue extraordinaire entre ouvriers, étudiants et intellectuels, ça a fait du bien à tout le monde, tout le monde en a profité. Aujourd’hui, il n’y a plus de classe ouvrière mais il y a encore beaucoup d’ouvriers, sauf qu’ils n’ont plus conscience du monde ouvrier. Or, il suffit de voir ce qui se passe dans les grandes plateformes de distribution, dans les services ubérisés, où les problèmes restent les mêmes qu’en 68. »

Mathias Gokalp

Retour en haut de page