
Ciné thé
« Tu en auras plus l’usage que moi », déclare un homme à sa femme en lui offrant une télévision. Dans le reflet de l’écran, Carmen contemple son enfermement. On aura reconnu un hommage à Tout ce que le ciel permet, de Douglas Sirk, mélodrame sur une femme que tous traitent comme si elle était déjà à l’automne de sa vie, pleinement satisfaite, sans désir ni aspirations.
L’actrice Manuela Martelli, qui signe sa première réalisation, vient faire cohabiter la petite et la grande histoire : car la violence de la dictature, en cette année de bascule que fut 1976 pour l’Amérique latine, vient de plus en plus traverser la petite bulle de son héroïne. Sans jamais tomber dans le spectaculaire, la réalisatrice instaure une tension de plus en plus palpable dans un passionnant film paranoïaque.