PROJECTION RENCONTRE : Chili 1976 de Manuela Martelli

Événement

Projection rencontre

Jeudi 23 mars à 20h15
Suivie d'une rencontre avec l'actrice Aline Küppenheim

« Tu en auras plus l’usage que moi », déclare un homme à sa femme en lui offrant une télévision. Dans le reflet de l’écran, Carmen contemple son enfermement. On aura reconnu un hommage à Tout ce que le ciel permet, de Douglas Sirk, mélodrame sur une femme que tous traitent comme si elle était déjà à l’automne de sa vie, pleinement satisfaite, sans désir ni aspirations.

L’actrice Manuela Martelli, qui signe sa première réalisation, vient faire cohabiter la petite et la grande histoire : car la violence de la dictature, en cette année de bascule que fut 1976 pour l’Amérique latine, vient de plus en plus traverser la petite bulle de son héroïne. Sans jamais tomber dans le spectaculaire, la réalisatrice instaure une tension de plus en plus palpable dans un passionnant film paranoïaque.

PROJECTION SUIVIE D'UNE RENCONTRE AVEC L'ACTRICE ALINE KÜPPENHEIM

LE MOT DE LA RÉALISATRICE

« À l’adolescence, j’ai commencé à me poser des questions sur ma grand-mère maternelle, que je n’avais jamais rencontrée. Il y avait un parfum de mystère autour d’elle. En parlant avec ma nounou Idolia (la nounou est une institution dans les familles de la classe moyenne supérieure au Chili), j’ai découvert que ma grand-mère s’était suicidée. Ma famille l’expliquait comme la conséquence d’une longue dépression, mais le mystère portait moins sur son suicide que sur l’intuition qu’elle était une femme au foyer incapable de s’épanouir dans ce rôle. C’est en voulant comprendre les raisons de ce suicide que m’est venue l’idée du film et de son personnage principal.

En m’interrogeant sur ma grand-mère et le silence autour de sa mort, je me suis intéressée à la période de cet événement : 1976. C’est l’une des années les plus sombres et cruelles de la dictature. Comment imaginer que ce qui se passait dans la rue n’affecterait pas l’espace domestique ? Comment pouvions-nous faire comme si de rien n’était et vivre notre quotidien, tandis qu’à l’extérieur les dissidents étaient jetés dans l’océan ?

Après plusieurs versions du scénario, j’ai compris que le film était avant tout une étude de caractère. […] Nous souhaitions être en permanence aux côtés de Carmen, à travers son regard. C’était notre manière de nous attacher à sa subjectivité et de ne pas raconter l’histoire du Chili telle qu’on me l’avait enseignée dans les manuels scolaires. » - Manuela Martelli

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