PROJECTION RENCONTRE : REWIND & PLAY

Événement
jeudi 23 février 20h15
Un documentaire original sur Thelonious Monk et les injonctions auquel le musicien doit faire face lors de sa dernière représentation française.

En 1969, Thelonious Monk entame sa dernière tournée : avant une ultime représentation en France, le célèbre pianiste est appelé pour enregistrer une interview dans l’émission “Jazz Portrait”. Cinquante ans plus tard, Rewind & Play présente les scènes coupées, jugées inutiles ou bien ratées, de cet échange. Alors qu’Alain Gomis effectue des recherches pour un film de fiction autour de la figure de Monk, il découvrira avec stupeur ces rushes de l’interview menée par le pianiste Henri Renaud. On y voit le jazzman tentant d’échapper au rôle qu’on voudrait lui attribuer, jouant plus de ses mains que de ses mots, plus habiles sur le piano. Le résultat est un film qui se passe de discours pour transmettre tout à la fois la force du musicien et le poids, écrasant, des préjugés racistes et sociaux contre lesquels il se débat.

 

PROJECTION SUIVIE D'UNE RENCONTRE AVEC MATHIAS DREYFUSS, DÉLÉGUÉ ADJOINT DE LA DILCRAH, HISTORIEN ET CONTRIBUTEUR AU VOLUME MYSTÈRE MONK

 

LE MOT DU RÉALISATEUR

« L’archive n’est jamais neutre, elle a un point de vue, elle livre avec elle un regard, mais là, de longs plans non encore coupés permettaient de détourner le point de vue, de le renverser, et d’essayer d’entrer dans celui de Monk. On ne se représente pas bien ce qu’étaient pour les artistes noirs de l’époque (pas si différente d’aujourd’hui) ces sortes d’épreuves.

L’enregistrement de l’émission est chaotique : on le fait attendre, puis ils le font jouer, ils coupent puis on lui demande de reprendre, on lui pose à plusieurs reprises des questions sans intérêt, on claque des doigts pour lui demander de reprendre sa place au piano... puis quand enfin il s’exprime librement, le journaliste décide de ne pas garder la prise...

Il y a quelque chose d’ambivalent dans ces images : elles montrent à la fois une certaine fascination pour l’artiste et en même temps, elles témoignent d’une réelle brutalité. Comme dans ces plans très beaux et en même temps très étonnants où la caméra est si proche de lui que son souffle produit de la buée sur l’objectif... Il reste étonnamment calme, incroyablement centré, face à ce qui apparaît alors comme un cirque.

On peut se demander si ce médium est capable d’autre chose, si dans sa volonté de promouvoir, il ne fabrique pas nécessairement que des récits caricaturaux, rances, tout en se voulant bienveillant. L’émission est faite avant tout pour raconter ce que le journaliste a envie de dire sur Thelonious Monk. Henri Renaud n’est pas journaliste, mais pianiste de jazz, pourtant il en endosse le costume aussi maladroitement qu’avec zèle. Il développe sa vision fascinée d’un génie incompris, d’un artiste maudit avant la consécration... On sent bien qu’il est admiratif, mais le décalage est profond. » Alain Gomis

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