PROJECTION RENCONTRE : Mauvaises filles

Événement

Projection rencontre

Mercredi 30 novembre à 20h15
En marge de la journée de lutte contre les violences faites aux femmes, une projection exceptionnelle du documentaire, qui constitue l'aboutissement d'un projet de 7 ans, suivie d'une échange avec sa réalisatrice Émérance Dubas.

Edith, Evelyne, Michèle, Marie-Christine et Fabienne ont un point commun : dans les années 70, ces « mauvaises filles » ont toutes passé un temps dans l’une des maisons de correction de la congrégation Bon Pasteur. Devant la caméra, elles racontent la violence du corset moral auquel elles ont dû se plier.
Il aura fallu 7 ans à Émérance Dubas pour convaincre de la nécessité de son projet. Glissant sa caméra à travers un dédale de couloirs aux murs décrépis, la cinéaste (dé-)livre avec émotion la parole de ces survivantes, étrangères les unes aux autres, mais qui semblent pourtant portées par une même voix, qu’on a longtemps voulu réduire au silence.

PROJECTION SUIVIE D'UNE RENCONTRE AVEC LA RÉALISATRICE ÉMÉRANCE  DUBAS

 

LE MOT DE LA RÉALISATRICE

« Au début, le projet n’attirait pas grand monde et a reçu peu de soutiens financiers. Un membre de commission m’a même demandé : « Est-ce que ces femmes racontent toutes la vérité ? » C’est précisément cette remise en cause de la parole des femmes qui les a empêchées de parler si longtemps ! Après 2017, j’ai observé un changement du côté des institutions. Un regard intéressé. J’ai également senti que les protagonistes du film étaient prêtes. Elles ne se connaissaient pas, et aucune n’a évoqué le mouvement #MeToo explicitement, mais sans doute ont- elles perçu que la société allait enfin pouvoir les entendre. Je pense aussi qu’elles n’avaient plus rien à perdre. Elles savaient qu’au crépuscule de leur vie, c’était le moment ou jamais de rétablir la vérité et de faire elles- mêmes le récit de leur jeunesse. Durant tout le processus d’écriture, je me suis beaucoup interrogée sur la manière de mettre en scène leur parole de sorte que le spectateur soit en mesure d’écouter les violences subies au sein de la sphère familiale et institutionnelle. J’ai imaginé des situations propres à chacune. Par exemple, lorsque je demande aux petites-filles de Michèle de lire son texte, c’est la transmission aux générations futures qui est en jeu. […] Ce qui m’intéressait, c’était de travailler avec des femmes qui avaient fait un chemin intérieur leur permettant d’échapper à la colère sans pour autant se résigner. J’avais à cœur de recueillir leur parole, souvent inédite, mais je ne voulais surtout pas les enfermer dans les traumatismes du passé. Au contraire, je souhaitais montrer leur incroyable force de vie. Toutes ont tracé leur route, tant bien que mal. C’est la raison pour laquelle chacune d’elles suit un arc narratif qui, le temps du film, symbolise ce parcours personnel. » - Émérance Dubas

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