
Projection rencontre
Dans les années 1950, l’histoire d’amour entre un docker et une ouvrière. Mais pas que… Le Rendez-vous des quais est un de ces films-miracles, une de ces œuvres qui ont bien failli ne jamais voir le jour. Que ce soit sa censure au moment de sa première projection publique, sous prétexte qu’il porterait « atteinte à l’ordre public », ou sa redécouverte inespérée en 1990, tout fascine dans l’histoire du film de Paul Carpita, cet instituteur-cinéaste encarté au PCF. Soixante‑dix ans après sa sortie, voilà une occasion inédite de (re)découvrir une œuvre importante et le regard d’un homme profondément engagé et humaniste.
Suivi d’une rencontre avec l’historien Tangui Perron Précédé du court-métrage Vivent les Dockers de Robert Ménégoz (1951 - 14 min)
UN MOT SUR LE FILM
"L’œuvre est de fait singulière : dans ce film tourné entre 1953 et 1955 avec les moyens du bord (une caméra Arriflex et une Bell & Howell à ressorts), Paul Carpita, instit’de formation et cinéaste autodidacte, mêle sans scrupule la fiction et le documentaire, s’aventurant plein d’entrain dans le réel, celui des ouvriers de Marseille, qui crèvent soudain l’écran. Le sujet lui-même détonne tant il est invisibilisé par la télévision de l’époque. Carpita, pour raconter sa gouailleuse romance sur fond de grève, s’est inspiré d’une lutte sociale bien réelle : celle menée en 1950 par les dockers marseillais contre la guerre d’Indochine et des conditions de travail délétères.
Le film, outre son néoréalisme pionnier, précurseur de la Nouvelle vague, est à l’image de son auteur : fraternel, antimilitariste et humaniste – en un mot, engagé. Lui, le fils d’un docker et d’une poissonnière, encarté au Parti communiste français et résistant pendant la guerre, y a mis tout son cœur. Le pouvoir ne le lui pardonnera pas." - Benjamin Leclercq, Libération
