Tout pourrait se jouer durant cette audience. Un père, une mère, leurs enfants, et une lourde accusation, qui changera leurs vies à tout jamais.
Les cinéastes nous plongent au plus près des person- nages et de la réalité des procédures judiciaires. Au-delà du suspense lié à la question de la culpabilité, c’est avant tout la manière dont la parole est prise en compte par la justice, et les conséquences qu’une écoute (ou une absence d’écoute) peuvent avoir qui intéressent Charlotte Devillers et Arnaud Dufeys, et qu’il et elle nous font res- sentir quasi physiquement.

Suivi d’un échange avec le juge Édouard Durand, la co-réalisatrice Charlotte Devillers et l’autrice illustratrice Cécile Cée

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LE MOT DES CINÉASTES

« Pour nous, il était crucial de montrer à quel point la longueur, la répétition et la multiplication des procédures judiciaires peuvent amplifier les traumatismes. Dans notre histoire, comme souvent dans la réalité, les enfants qui sont contraints de revivre sans cesse ce qu’ils ont subi, tout en voyant leur parole mise en doute, finissent par se dire qu’on ne les protège pas. Il faut pouvoir s’imaginer aussi le temps à hauteur d’enfant : à leur échelle, le sentiment de durée est encore beaucoup plus fort. Les procédures de justice longues, répétitives et non adaptées à eux créent de multiples conséquences que toute la société doit ensuite prendre en charge. Dans le cas de notre histoire, il s’agit de conséquences médicales, de sentiment de révolte et surtout d’un lien fragilisé qui altère la relation avec ses enfants. C’est toute la cellule familiale qui a explosé. Nous voulions rendre compte qu’en plus d’être traumatisées par les agressions sexuelles, de nombreuses victimes le sont aussi par le fait de ne pas être crue ou protégée lors des procédures judiciaires. » - Charlotte Devillers et Arnaud Dufeys