La Jetée, c’est celle de l’aéroport d’Orly, filmée par Chris Marker dans son court métrage éponyme. Dans un photogramme qui compose le film, le cousin de la réalisatrice croit se reconnaître. C’est l’occasion pour Dominique Cabrera de se lancer dans une vaste enquête intime, historique et cinématographique ; à mesure que la cinéaste suit les différentes pistes qui s’offrent à elle, elle déploie des pans de petite et grande histoire, des destins qui se croisent et des personnages inattendus

Suivi d’une rencontre avec la réalisatrice, Dominique Cabrera

LE MOT DE LA RÉALISATRICE

« Mon hypothèse, c’est que j’ai été happée par cette histoire, parce que Marker avait photographié ce plan à Orly, sur la jetée. Si ce plan avait été fait ailleurs, près de la Tour Eiffel, par exemple, comme dans Le Joli Mai, je pense qu’il n’y aurait pas eu de film. Mais Orly est toujours un lieu bouleversant pour moi. Le hasard extraordinaire, ce n’est pas seulement le fait que Marker ait filmé mon cousin, mon oncle et ma tante, mais qu’il les ait filmés à cet endroit précis, qui est l’endroit de ma deuxième naissance, après notre départ d’Algérie. Comme le lieu de l’arrivée en France, La Jetée est une espèce de vortex qui charrie énormément d’histoires. Il suscite des projections de tout le monde, parce que c’est un film qui a comme un vide au cœur. Et j’ai aimé tous ces rapprochements, ces coïncidences, ces miracles parfois. […] On croit parfois vivre dans le vide ou la solitude. On se débat avec la page blanche. Et percevoir des liens entre les époques, les lieux et les personnes a quelque chose de poétique et rassurant. » - Dominique Cabrera

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