
Projection rencontre
Après la guerre, le docteur Mengele, l’« Ange de la mort » d'Auschwitz, a fui en Amérique latine. Quel sera le sort de ce criminel de guerre dans un monde où il est traqué ? On retrouve l’univers et les obsessions de Serebrennikov dans cette adaptation du roman d’Olivier Guez : la question de la culpabilité et du châtiment, un monde mortifère et labyrinthique, servi par une mise en scène audacieuse, qui joue du contraste entre noir et blanc et couleur pour évoquer l’impensable, les camps de la mort.
Suivi d'une rencontre avec le sociologue Pierre Sauvêtre, animée par Mélanie Simon-Franza (La Grande Distribution)
LE MOT DU RÉALISATEUR
« On a toujours pensé que, parce que la guerre était finie, la bulle du Mal avait éclaté… Mais la vie était plus complexe que ça et plus paradoxale. La tâche de l’art est de rappeler cette complexité de l’existence là où la propagande, la politique donnent des réponses simples. Les armes se sont tues, mais la guerre est restée à l’intérieur des gens, et le désir de tuer aussi. Parfois cela ressort, comme aujourd’hui. On rêve tous de justice, on veut que le Mal soit puni, mais c’est, hélas, naïf. Mengele fuyait le châtiment, la vengeance… Dans le film, il apparaît hanté par les horreurs qu’il a commises, mais c’est moi qui ai ajouté cela, comme dans Boris Godounov ou Macbeth dont les personnages sont rattrapés par les fantômes. » - Kirill Serebrennikov