Friedkin dépeint des personnages en marge ; plus que des outsiders, ce sont des suicidaires en sursis. Il déconstruit une Amérique binaire : ceux qui respectent la loi et les autres. Ici, les flics n’hésitent pas à franchir la ligne en devenant des criminels en puissance. Caméra à l’épaule, le cinéaste raconte le quotidien d’agents des stups dans un New York sordide, qu’il filme sans fioritures. L’incroyable scène de course-poursuite dans Brooklyn reste une des plus impressionnantes du cinéma. À voir absolument sur grand écran !

Suivi d’une rencontre avec les distributrices, Bianca Dantas et Élise Lesueur (Ciné Sorbonne)

UN MOT SUR LE FILM

« Gene Hackman livre une performance inoubliable, dans son rôle de « Popeye », flic coriace et sans états d’âme, obsédé, ambigu à souhait, prêt à tous les écarts pour coincer des proies qui lui ressemblent. Le film est surtout célèbre pour sa longue course-poursuite haletante, où Popeye pourchasse en voiture une rame de métro aérien où s’est réfugié le bras droit du caïd. Mais d’autres séquences sont d’anthologie - comme cette longue filature, à pied cette fois, où le mystérieux M. Charnier, se sachant suivi, parvient à berner Popeye, sans courir, en manœuvrant avec subtilité. L’action fait ici les personnages et New York elle-même est un personnage fascinant. C’est un monde d’énergie et de violence, de chaleur et de froideur, où le bien et le mal se confondent, à travers une mise en scène digne d’un opéra. Tous les grands réalisateurs américains contemporains, de James Gray à Michael Mann, doivent beaucoup à William Friedkin. » - Jacques Morice, Télérama