Bien avant Anora, Sean Baker a toujours eu un regard affûté sur les franges marginales des États-Unis, les banlieues délaissées ou les motels miteux. Son œuvre brosse en effet le portrait des laissés-pour-compte du libéralisme sauvage. Refusant le sordide et la fausse pudeur, il dépeint le quotidien d’une actrice de films pour adultes qui se lie d’amitié avec une femme de 85 ans assez solitaire. Dépendance, intérêt, affection sincère : de multiples facteurs se nouent pour relier les personnages entre eux, jusqu’à la rupture…

UN MOT SUR LE FILM

"L’enthousiasmant Starlet reste le film qui ressemble le plus aux réalisations de Sean Baker que l’on connaît aujourd’hui. Une histoire d’amitié entre Jane, la vingtaine, et Sadie, octogénaire (que la première a, au départ, volée). Et toujours un milieu interlope, ici une agence pour actrices X. « Mes deux précédents films avaient fait de moi ce réalisateur concentré sur l’émotion uniquement. J’ai voulu changer, me lancer dans un cinéma plus contrôlé. Je me suis autorisé à penser que je pouvais jouer avec le style, les couleurs, la mise en scène. » Il introduit aussi ses premiers vrais personnages féminins (qui feront le succès des films à venir). Après Starlet, deuxième réinvention et demie, Sean Baker lâche sa caméra et filme Tangerine à l’iPhone 5 dans la rue, comme un mélange de ses films précédents. Encore une métamorphose." - Augustin Pietron-Locatelli, Télérama