Les mots qu'elles eurent un jour, en présence du réalisateur

Événement

Projection rencontre

Mercredi 18 juin à 20h30
Une bouleversante enquête sur des femmes inconnues, immortalisées par des films

Elles, ce sont les détenues politiques qui sortirent de prison, en 1962, à la fin de la guerre d’Algérie. Les mots, ce sont ceux qu’on ne les entend pas prononcer : car, tout ce que  Raphaël Pillosio a pu obtenir de son ami réalisateur Yann Le Masson, ce sont des photos, des vidéos de militantes qu’il ne connaît pas encore. Le cinéaste part alors à la recherche de ces femmes, pour que leur voix puissent à nouveau éclairer ces images.

Ce n’est pas le récit et la gloire des anciennes combattantes que guette ici Raphaël Pillosio. Le cinéaste (et historien de formation) nous livre plutôt un film-enquête sur la mémoire et l’oubli : alors que les unes revendiquent ces années de lutte, d’autres préfèrent encore les passer sous silence.

Suivi d'une rencontre avec le réalisateur, Raphaël Pillosio et Ahmed Bedjaoui, universitaire, critique et producteur, spécialiste du cinéma algérien

LE MOT DU RÉALISATEUR

"J’étais parti avec une idée assez naïve : je pensais que j’allais rencontrer des femmes assez âgées, qui auraient un rapport à la parole et à cette histoire assez libérée. En fait, ça a été compliqué. Celles que j’ai filmées, c’étaient surtout celles qui étaient encore militantes ou qui s’inscrivaient dans un questionnement politique. Tandis que celles que j’ai rencontrées mais qui n’ont pas voulu être filmées, j’ai l’impression que pour elles, c’était une histoire passée sur laquelle elles n’avaient plus grand chose à dire, ou qu’elles n’avaient pas envie de me les dire, à moi. Et qui semblaient s’être désintéressées de la politique, en tous cas devant moi. J’ai mis un peu de temps à le comprendre.

Je ne m’intéressais pas à ce qu’elles avaient accompli pendant la guerre. Ç’aurait été intéressant et ç’aurait pu être un beau film aussi, mais leur parcours d’ancienne combattante ne m’intéressait pas ici. La matière qui était à la base de ce film - les images de Yann - invitait à se poser des questions sur l’après, après la sortie de prison... C’est quelque chose qui les mettait peut-être plus en danger, en questionnement, il ne s’agit pas d’un endroit où elles peuvent être célébrées comme anciennes combattantes... Le sujet pose la question du rapport avec la société algérienne, avec les hommes, c’est plus sensible." - Raphaël Pillosio

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