
Projection rencontre
Il était une fois une vaste plaine légumière, appelée la Plaine des Vertus. Son terreau était partagé et nourrissait de nombreuses familles. Mais, au fil du temps, sa superficie fut réduite, jusqu’au jour où les dirigeants de la Ville vinrent réclamer la parcelle. Une lutte se lança alors : celle du Collectif de défense des Jardins des Vertus ! Filmant ce combat, ce n'est pourtant pas l'issue politique de ce dernier qui intéresse ici Vincent Lapize. C'est avant tout un message d'espoir que le cinéaste délivre dans ce « conte-documentaire », entre poésie et portraits émouvants.
Suivi d'une rencontre avec le réalisateur, Vincent Lapize
LE MOT DU RÉALISATEUR
« Dans le contexte actuel de crise écologique mondiale, de désenchantement à l’égard des institutions démocratiques, d’accélération des informations et des émotions, je reste dans les Jardins pour regarder la richesse mélancolique de cette terre et de ce que les jardinier.e.s y cultivent et y expérimentent. Je cherche à révéler en quoi la vie qui se déroule ici est inspirante, pour penser le rapport au collectif, au vivant non-humain, à la citoyenneté.
À travers ce voyage onirique dans la forêt urbaine, j’incarne la vie animale et végétale qui la peuple. Je regarde la proximité relationnelle entre humain et non-humain dans les jardins. Dans l’univers urbain de cette banlieue du 93, le regard anthropocentriste est surplombant. La manière de penser l’aménagement de la ville et l’accès à la citoyenneté est profondément conditionné par cette vision verticale du monde. Le pouvoir de l’imaginaire est de renverser les récits dominants, et d’inspirer une autre relation au territoire et au commun. La porosité entre vitalité urbaine et zones encore sauvages est une richesse que j’aime contempler. Je trouve une certaine beauté à mêler la végétation luxuriante et les tours d’immeubles d’Aubervilliers et de Pantin. Car la métaphore de la friche n’est pas simplement à voir sous l’angle écologique, elle suggère une forme de liberté d’être soi dans la coexistence avec autrui. » - Vincent Lapize