
Projection rencontre
Dans un coin reculé de Tunisie, une vision d'horreur : Achraf, 14 ans, voit son cousin se faire assassiner sous ses yeux. Il devra alors revenir au village, chargé de cette nouvelle. L'horreur reste principalement hors-champ : ce qui intéresse le réalisateur, c'est d'accompagner un enfant (lui-même escorté d'un fantôme), porteur d'une tragédie trop grande pour lui. Un enfant perdu dans les splendides paysages et un monde en perte de sens.
Suivi d'une rencontre avec le réalisateur, Lotfi Achour
LE MOT DU RÉALISATEUR
« À travers ce film, il ne s’agissait pas seulement de raconter un crime effroyable, mais de documenter un moment clé de notre histoire contemporaine. Ce drame cristallisait à lui seul l’abandon des populations rurales, la barbarie terroriste, la faillite politique et la dérive médiatique. C’est cette nécessité de témoigner qui a guidé la conception du film. […] Les faits en eux-mêmes étaient déjà connus. C’est la dimension intime de cette tragédie que je voulais explorer. Très vite, il m’est apparu évident que l’histoire devait être racontée du point de vue de l’adolescent de 14 ans, dans les premières heures et les premiers jours suivant le drame. Cet état de sidération, cette confusion intérieure me semblaient essentiels à capter. Quand on perd quelqu’un de manière brutale et inattendue, on traverse une période de flottement. Même adulte, on peine à intégrer la disparition. La personne est morte, mais elle ne l’est pas encore complètement. On croit encore l’entendre, on sent sa présence, son odeur, on vit avec elle dans un entre-deux. Ce sont ces sensations que je voulais restituer. Et pour cela, seule la fiction pouvait nous permettre d’explorer pleinement cette intériorité. » - Lotfi Achour