Quelques pages de la vie de la grande poétesse autrichienne Ingeborg Bachmann, à travers son histoire d’amour avec le dramaturge Max Frisch et surtout le désir foudroyant d’écriture et de réinvention du langage dans un monde dévasté par le nazisme. 
Après Rosa Luxembourg et Hannah Arendt, Margarethe von Trotta nous livre une nouvelle figure de penseuse prise dans le tourbillon de l’Histoire. Son personnage, porté par une Vicky Krieps aussi lumineuse que torturée, incarne une vibrante voix de femme dans un monde d’hommes qui considèrent la création artistique comme leur pré carré. 

Suivi d'une rencontre avec la réalisatrice, Margarethe von Trotta, animée par Claudine Le Pallec Marand

LE MOT DE LA RÉALISATRICE

"Ce n’est pas comme si je lisais Ingeborg Bachmann tous les matins en me réveillant, mais elle m’a toujours accompagnée. Il y a des enregistrements de sa voix où elle parle très doucement et semble presque peu sûre d'elle. C’est une des choses qui m’a émue à son sujet. Je n'avais pas très confiance en moi à l’époque non plus et j'ai trouvé impressionnant que quelqu’un qui écrit de la poésie aussi magnifiquement soit aussi hésitante et peu sûre d'elle dans la vraie vie. [...] Je l’ai rencontrée chez Hans Werner Henze peu avant sa mort. À ce stade, elle était déjà assez mal en point. Nous ne nous attendions pas à la voir là-bas, c’était une agréable surprise. Je n’ai pas vraiment eu l’occasion de lui parler, parce que c’était toujours les hommes qui parlaient. À l'époque, c'était toujours eux qui dominaient la conversation, c’était comme ça. [...]  C’est précisément cette contradiction, qui fait qu'elle peut être très sérieuse et austère et puis, l’instant d’après, s'illuminer d'un grand sourire qui vous transporte, qui me plaisait. Je cherchais ce contraste, et je l’ai trouvé immédiatement chez Vicky Krieps." - Margarethe von Trotta