Qui est Victoria ? Femme d’une redoutable efficacité dans son travail, elle est aussi exigeante dans sa vie privée que dans sa vie professionnelle. David, directeur de travaux en charge d’une commande colossale, se prend de fascination pour cette Victoria qui ne semble avoir peur de rien. Il fallait bien une actrice de la puissance de Jeanne Balibar pour donner chair à cette figure énigmatique, incarnation d’un capitalisme décomplexé. En adaptant le roman éponyme d’Éric Reinhard, Sylvain Desclous (De grandes espérances) rend compte avec talent de la confrontation amoureuse entre ces deux personnages et interroge la survie des idéaux dans un monde du travail de plus en plus inhumain et violent. Inversant la répartition traditionnelle des rôles, il fait de cette liaison une véritable initiation aussi bien physique qu’intellectuelle.

LE MOT DU RÉALISATEUR

« Même si Le Système Victoria n’est pas un film aussi ouvertement et frontalement politique que ne l’est De Grandes Espérances, il est construit sur une vision du monde et d’après un point de vue qui eux sont politiques. J’ai donc choisi de raconter l’histoire uniquement du point de vue de David d’imaginer une autre fin que celle du roman. Cette double « trahison » a permis d’inscrire le parcours du personnage principal dans une dramaturgie plus forte et plus tendue. Mon film fait ainsi le récit d’une passion dévorante sur fond d’un monde du travail brutal et déshumanisant. Il est aussi l’histoire d’un homme à qui la rencontre d’une femme et de son système fait réaliser l’impossible et tout perdre en même temps. […] C’est ce qui m’a le plus frappé à la lecture du roman : à quel point les deux personnages principaux incarnaient de manière quasi idéale les deux classes sociales antagonistes dont l’affrontement structure le champ politique depuis Karl Marx. De mon côté, je ne peux pas réfléchir à un personnage si je ne lui trouve pas tout de suite une profession qui soit suffisamment riche et complexe pour être un miroir sur le monde. Parce que son métier va le définir, lui et son rapport à la société. » - Sylvain Desclous