Joe vit dans un quartier catholique à Belfast. Faisant appel à des voisins, eux aussi habitants de longue date, c’est dans ce décor, qu’il décide de reconstituer les souvenirs de son enfance durant le conflit armé nord-irlandais. Si des images ont pu témoigner de la violence des «Troubles », ce conflit qui déchira l’Irlande quarante ans. Mais elles évoquaient moins la trace de cette guerre chez les enfants. À travers les reconstitutions de Joe, Alessandra Celesia rend compte de cette identité heurtée et de cet héritage.

Suivi d'une rencontre avec la réalisatrice, Alessandra Celesia, Tsedek!, et le collectif Democra'Psy

LE MOT DE LA RÉALISATRICE

« Je suis arrivée dans le Nord pour la première fois juste avant la signature de l’accord du Vendredi saint et je me suis promis de ne jamais faire un film sur les « Troubles ». C’était du passé, c’était de l’histoire ancienne, tout le monde voulait passer à autre chose. J’ai tenu ma promesse jusqu’à ce que je découvre New Lodge où vit toute une génération qui a été traumatisée par ces événements et ne s’en est jamais remise. C’est ce qui arrive dans toutes les guerres. Il y aura toujours des gens qui vont rester bloqués dans le conflit, et ce toute leur vie. Mon beau-père, lui, a grandi au même endroit et a réussi à tourner la page pour construire sa vie, mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Il y en a tant de Joes dans ce quartier... J’ai injecté plus de politique que je n’en avais l’intention au départ. Je souhaitais avant tout atteindre les âmes individuelles, vierges de l’influence de l’Histoire avec un grand H. » - Alessandra Celesia