Père aimant, Iman n’en est pas moins un homme rigoriste. Pourtant, lorsque son nouvel emploi le pousse à signer des arrêts de mort sans justification, sa foi se trouve ébranlée, tandis qu'au loin, le grondement sourd du mouvement de libération des femmes se fait entendre…

Si cette histoire d’un père en plein dilemme moral à de quoi nous émouvoir, ce sont pourtant bien les séquences filmées à la volée, réelles, dans les rues de Téhéran et en pleines manifestations lourdement réprimées, qui nous touchent au cœur. Le cinéaste iranien mêle ici son talent de metteur en scène à ces images, comme les dernières arrachées pour ouvrir les yeux de ceux qui détruise son pays. Le geste d’un dernier élan, bouleversant.

Suivi d'une rencontre avec Bamchade Pourvali, docteur en cinéma

LE MOT DU RÉALISATEUR

«  Cette fois, mon expérience en prison a été singulière car elle a coïncidé avec le début du mouvement « Femme, Vie, Liberté » en Iran. Je suivais, avec d’autres prisonniers politiques, les changements sociaux depuis l’intérieur de la prison. Alors que les manifestations prenaient une ampleur inattendue, nous étions stupéfaits par la portée des protestations et le courage des femmes. Lorsque j’ai été libéré de prison, la question cruciale a été : sur quoi dois-je faire un film maintenant ? Elle occupait toutes mes pensées. J’ai repensé à une confession que m’avait faite un membre du personnel de la prison, et qui était restée gravée en moi : en pleine répression généralisée du mouvement « Femme, Vie, Liberté », alors qu’il visitait les cellules des prisonniers politiques, cet homme m’a pris à part pour me dire qu’il voulait se pendre devant l’entrée de la prison. Il souffrait d’un intense remords et ne pouvait pas se libérer de la haine qu’il éprouvait pour son travail. De telles histoires me convainquent que le mouvement des femmes en Iran finira par s’imposer et atteindre ses objectifs. Les répressions peuvent temporairement maintenir la situation sous contrôle pour le gouvernement, mais finalement le mouvement vaincra. » - Mohammad Rasoulof