Dans The Substance, Coralie Fargeat s’aventure dans le body horror, et déploie une vision du sexisme brutal bourrée de références cinématographiques (dont David Cronenberg). Demi Moore - magnifique - y incarne une ex-vedette, star de l’aérobic à la veille de la cinquantaine, mise au placard par son patron. Elle se laisse séduire par la substance… Le film, qui se veut transgressif, explose de plans outranciers ouvertement gores. Vous laisserez-vous tenter par une meilleure version de vous-même ?
Séance suivie d'une rencontre avec Élise Thiébaut, autrice féministe et Stéphane Thiébaut, mixeur son du film, animée par Elvire Duvelle Charles
LE MOT DE LA RÉALISATRICE
« Comment les idées viennent, c’est toujours assez mystérieux. C’est vrai que j’aime raconter mes histoires par des images très symboliques. Pour ce film, assez tôt est venue la question du regard et de l’apparence. Comment les femmes sont regardées, scrutées. Le symbole le plus paroxystique de ça, c’est Hollywood avec ses stars : c’est vraiment une chambre d’écho de l’inconscient collectif. À partir de là, je voulais créer une sorte de Hollywood plus symbolique que réaliste. […] Je dirais que c’est [un film] sur ce que la société en général fait aux femmes. La manière dont les femmes peuvent se percevoir et penser qu’elles ont plus ou moins de valeur en fonction de ce à quoi elles ressemblent. Je pense qu’on l’a toutes vécu d’une manière ou d’une autre et qu’on l’a malheureusement toutes internalisé, même si on n’est pas d’accord et qu’on ne voudrait pas. La phrase « They’re going to love you » [« ils vont t’adorer », ndlr], dans le film, c’est important. C’est une quête qui fait qu’on est souvent prêtes à faire des choses qui peuvent être violentes pour avoir cette reconnaissance. Et le questionnement qu’on a sur notre corps est au cœur de la condition humaine – quel corps on a, quel corps on aimerait avoir, comment on aimerait le transformer, le muter, le conserver, s’en détacher ; la peur qu’il soit abîmé, envahi. » - Coralie Fargeat