Une soirée spéciale autour d'une avant-première choisie par Judith Godrèche!
Moi aussi
La réalisatrice incarne les témoignages de toutes ces femmes qui lui ont écrit après sa prise de parole publique en 2024.
Julie se tait (avant-première)
Julie est passionnée de tennis. Lorsqu’une enquête est ouverte contre son coach, les langues se délient. Pourtant, Julie ne dit rien. Finira t-elle par se faire entendre ? Un film puissant sur les mécanismes de libération de la parole.
Suivi d’une rencontre avec la réalisatrice Judith Godrèche et le réalisateur Leonardo Van Dijl, co-animée par Isabelle Bourdon, Conseillère Cinéma et Audiovisuel - Rectorat de l'Académie de Créteil et membre du collectif Soutien Civiise
LE MOT DE JUDITH GODRÈCHE SUR « MOI AUSSI »
« Spontanément donc, j’ai voulu faire un film autour de cette question : comment raconter l’histoire d’une foule ? Je voulais dire le nombre. Le rendre visible, sensible à l’écran. Il a fallu aussi construire une équipe de techniciens qui soit absolument adaptée à la considération de l’autre. Le cinéma peut s’inscrire dans un rapport au monde et aux êtres où il prend un individu, l’utilise et le rejette. La caméra devient alors un objet de domination. Là, il fallait l’utiliser comme le prolongement bienveillant de mon regard sur ces personnes et, à travers elles, raconter mon histoire et la leur. […] L’objectif était de trouver le langage physique d’une personne qui a été abusée, mais à travers des gestes qui ne soient pas dans le pathos ni dans l’évocation de faits violents et abusifs qui replongeraient la personne dans un vécu traumatique. Il ne fallait pas non plus édulcorer avec des gestes jolis au sens décoratif du terme. Que ces victimes ne soient jamais mises dans une position d’ornement dans le décor. » - Judith Godrèche, Politis
LE MOT DE LEONARD VAN DIJL SUR « JULIE SE TAIT »
« Je voulais raconter une histoire qui offrirait une voie de sortie à Julie, en montrant comment, peu à peu, elle reprend le contrôle de son existence. Sa décision de se taire introduit une énergie singulière, à la fois libératrice et rebelle, qui oblige le film à suivre son rythme, sans qu’elle cède aux pressions de la société. Au fil du récit, on découvre en Julie une héroïne contemporaine, qui met en lumière les injonctions et les injustices invisibles de notre époque. Telle Antigone, Julie ose dire « non ». Dans un monde qui la pousse à parler, elle reste muette, ce qui amène son entourage à réellement l’écouter.
Le silence peut être une violence qui vous ronge et anéantit votre identité. En même temps, prendre la parole peut aussi vous exploser à la figure. Que faire face à ce dilemme? Confronté à la force destructrice des non-dits ou au danger de la parole publique, on risque de perdre quelque chose dans les deux cas. En fin de compte, la question existentielle que Julie se tait pose, c’est : « Être ou ne pas être? » - Leonardo Van Dijl