
Projection rencontre
Dans les années 1970, une équipe de nettoyage, mécontente de ses conditions de travail, décide de se mobiliser et licencie son patron. C’est ainsi que naît le Balai Libéré, qui travaille depuis ce jour en autogestion. Quarante plus tard, ce sont ces mêmes personnes, et celles qui les ont suivies, que Coline Grando décide d’interviewer. Avec ce questionnement : une telle lutte pourrait-elle encore se produire aujourd’hui ?
Séance en partenariat avec l'UL-CGT et l'association Femmes Solidaires, et suivie d'une rencontre avec la réalisatrice, Coline Grando
LE MOT DE LA RÉALISATRICE
« Quand j’ai entendu parlé du Balai Libéré, j’ai tout de suite été fascinée par le caractère exceptionnel de cette histoire : « Des femmes de ménage licencient leur patron et travaillent en autogestion pendant 14 ans ». J’ai entrepris des recherches dans les archives pour en savoir plus, j’ai découvert le récit d’une lutte réussie qui s’inscrit dans l’histoire de la Belgique des années 70, mais aussi dans l’histoire d’une ville nouvelle, celle de Louvain-la-Neuve. Que Le Balai Libéré ait vu le jour à cet endroit-là, dans ce contexte-là n’est pas anodin. À cette époque, il y avait un esprit pionnier, une envie de faire les choses autrement. La ville était une grande page blanche où des utopies pouvaient être tentées. Probablement que l’expérience n’aurait pas duré aussi longtemps à un autre endroit, dans un autre contexte que celui de cette ville universitaire en construction. […] Très vite, j’ai su que je ne voulais pas faire un film uniquement tourné vers le passé. Je me suis alors demandé qui nettoie l’université aujourd’hui et dans quelle condition. Je suis allée toquer aux portes de l’UCLouvain, qui m’a immédiatement donné son soutien dans son projet, ainsi qu’un accès incon-ditionnel à ses locaux, en vue de suivre celles et ceux qui oeuvrent aujourd’hui à la propreté des lieux. […] À travers leurs yeux, j’ai découvert la réalité de la sous-traitance et les conséquences que cela a sur les conditions de travail. Le système des appels d’offre de marché public entraine un nivellement des prix par le bas, ce qui a pour conséquence la réduction des effectifs, entrainant mécaniquement solitude et accélération du rythme de travail. Ce n’est pas spécifique à l’UCLouvain. Cela s’est généralisé à toute la fonction publique. Toutes les universités de Belgique y ont recourt, ainsi que le parlement et la commission européenne, la STIB, la SNCB, etc. pour ne citer que ces grands exemples. C’est ce système généralisé que met en lumière le film, un système qui nous concerne toutes et tous. J’ai choisi de le montrer du point de vue des travailleurs et travailleuses. » - Coline Grando
et pour prolonger la soirée, rendez-vous à la médiathèque du centre-ville d'Ivry pour une conférence le 7 mars :
#3 Travail gratuit : une exploitation féminine ?
Conférence par Maud Simonet, autrice du livre Travail gratuit : la nouvelle exploitation ? Editions Textuel.
Travailler gratuitement, a priori la proposition peut sembler saugrenue, pourtant, c’est une réalité aussi omniprésente qu’occultée, notamment à travers le très courant bénévolat.
A la veille du 8 mars, la sociologue et chercheuse Maud Simonet viendra aborder cette question centrale du travail gratuit et non reconnu comme tel, qui est au cœur des préoccupations féministes puisque très massivement fourni par les femmes. Une belle soirée pour revendiquer !
Jeudi 7 mars à 19 h
Espace presse de la médiathèque du centre-ville.
Soirée proposée dans le cadre des conférences Populaires cycle Regards sur le travail : Où en est-on aujourd’hui ?