Après Tharlo, le berger tibétain, Balloon est la confirmation d'un cinéaste qui, tout en continuant à parler de sa terre natale, de ses habitants, de leurs conditions de vie et de leur culture, déploie une œuvre abor- dant des thématiques et soulevant des questions universelles.

Au cœur des étendues tibétaines, Balloon raconte le quotidien de Drolkar et de son mari, éleveurs de brebis. Ils ont trois enfants mais la politique de l'enfant unique s'impo- sant à eux, ils se sont initiés en secret à la contraception, pratique taboue dans leur communauté. Lespréservatifsqu'elleseprocureaucompte- gouttes sont pour Drolkar le bien le plus précieux. Aussi, quand ses enfants se met- tent à jouer avec les "ballons" trouvés sous son oreiller, elle sait qu'elle va devoir tout affronter : les reproches des aînés, le poids de la tradition, le regard des hommes. Sans oublier la grossesse qui semble l'attendre...

Toujours juste dans sa manière de rendre compte du quotidien mais aussi de la psy- chologie de ses personnages, Pema Tseden introduit dans Balloon une dimension ro- manesque à son cinéma et y développe da- vantage d'humour. Ainsi, son film peut avoir la puissance du drame social réaliste mais également celle de la fable s'appuyant sur des personnages hauts en couleurs et des situations relevant du mélodrame avec l'émotion qui l'accompagne.

Honnête vis-à-vis de Drolkar, son person- nage principal, dont il connaît parfaitement la réalité qu'il partage et qu'il s'efforce de restituer à l'écran avec le plus de justesse possible, il sait également ériger cette femme simple et modeste, tout entière préoccupée par des enjeux très quotidiens, en une figure universelle qui témoigne de la condition et de la situation de femmes prises entre des traditions et une moder- nité qui, toutes les deux, les enserrent et les enchaînent.