Le détective Mark Dixon se laisse trop souvent déborder par des excès de violence. Au cours d’un interrogatoire, il tue accidentellement un suspect qu’il questionnait au sujet d’un meurtre. Dépassé par la situation, il tente de faire accuser quelqu'un d'autre à sa place...

Six ans après Laura, Otto Preminger retrouve Gene Tierney et Dana Andrews mais pour faire cette fois de ce dernier le héros et le sujet de son film. Car au-delà de l'histoire qu'il raconte et de son talent à signer un (nouveau) remarquable et véritable film noir, Otto Preminger s'attache surtout à peindre ici le portrait trouble d'un détective cherchant continuellement à échapper à une enfance qui a fait de lui un homme violent. Un détective miné de l'intérieur, sorte d'anti-héros qui pré-figure des personnages de policiers que l'on retrouvera dans nombre de polars des années 1970 et même au-delà.

Mark Dixon, détective dit le titre français et cela 8

met directement en valeur les éléments clés du film noir qu'Otto Preminger maîtrise à merveille : l'atmosphère de la nuit, les gros plans de visages angoissés, les oppositions enre plongées et contre-plongées, le rythme trépidant, voire même ce jeu souvent auda- cieux avec des objets plus grands que nature.

Where The Sidewalk Ends (« Là où s’arrête le trottoir ») dit le titre original et cela souligne le caractère plus poétique et métaphorique du film, que le premier plan semble résumer, accompagnant les pas d'un homme qui va descendre du trottoir et s'engager dans la rue : un homme quitte un chemin tracé et sûr pour se jeter dans un espace de désordres. Le héros tourmenté d'Otto Preminger est aux prises avec un destin sombre qui en fait un héros de film noir mais c'est bien aussi la possibilité ou pas, pour lui, d'obtenir une sorte de rédemption qui sera le moteur du film.