Madre commence par une scène, au départ banale, qui, rondement menée, va lancer le récit de manière très efficace. N’en rien savoir avant d’arriver face au film est un plaisir dont nous ne souhaitons pas vous priver.  Aussi, nous n’en dirons rien et, par voie de conséquence, nous ne dévoilerons pas l’intrigue qui en découle, en vous incitant à aller voir le film sans rien lire (ni voir, ni écouter) dessus.
Après Que Dios nos perdone et El Reino, Rodrigo Sorogoyen, sans avoir rien perdu de sa capacité à tenir en haleine les spectateurs, abandonne le thriller, la violence, les intrigues policières ou politiques, pour s’intéresser à la vie des anonymes, la vie qui s’écoule avec ses drames, ses émotions, ses sentiments, ses envies d’aller de l’avant, de parvenir à (re)construire. Madre est un film intimiste, une chronique d’un quotidien bousculé, pétri d’une humanité dont le réalisateur s’approche avec sensibilité en cherchant, dans une histoire individuelle, l’écho de doutes et de tâtonnements universels.